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Bruno Chevillard
ADAPTATEUR . DIALOGUISTE
mercredi 30 décembre 2015, par
Dès mon plus jeune âge, je suis allé au cinéma.
Avec mes parents, mais aussi au Ciné-Club des Jeunes (Fédération Jean Vigo)
le jeudi après-midi, au cinéma Vox de Rambouillet, une fois par mois.
C’est là que j’ai découvert La Belle et la Bête, Le Ballon Rouge,
Kes, Noblesse Oblige, African Queen, Le Voleur de Bicyclette, Voiles Écarlates, etc...
Je me souviens que les gamins que nous étions râlaient un peu
lorsqu’un film étranger était projeté, parce qu’il était sous-titré.
Mais très vite, nous nous sommes habitués.
Le cinéma a donc toujours fait partie de ma vie, très tôt, et jusqu’à aujourd’hui.
Personnellement, et puis professionnellement, depuis 25 ans.
Ce métier d’adaptateur, de dialoguiste de doublage,
et de sous-titreur que je pratique aujourd’hui,
j’y suis venu à 30 ans, sans diplôme de traducteur,
d’où ce sentiment d’imposture qui m’a parfois poursuivi,
mais tout ce que j’avais fait auparavant :
ma formation théâtrale, mes études littéraires,
ma passion pour le cinéma, pour l’anglais et l’italien,
mes voyages, mon métier de régisseur de scène,
m’y ont logiquement conduit.
Avant 30 ans, je ne savais pas que je ferais ce métier-là.
Aucun orientateur, à l’époque du lycée, ne m’en avait jamais parlé.
Après avoir adapté pas mal de feuilletons et de séries dans les années 90,
école ingrate mais obligatoire,
j’ai pu avoir accès à des films de cinéma, aux fameux "35", dans notre jargon.
Lorsque je vois le soin qui est apporté au doublage des films aujourd’hui,
je ne comprends pas qu’il ait encore aussi mauvaise presse.
Même si, comme spectateur, je préfère toujours voir un film
en version originale sous-titrée,
je dois reconnaître que la qualité du doublage des "35"
s’est véritablement améliorée au fil du temps.
Une enquête de la SACEM a montré récemment
que 90 % des téléspectateurs français regardent la version doublée d’un film
lorsqu’il est diffusé en version multilingue.
Révélateur. Le doublage a encore de beaux jours devant lui.
Personnellement, pendant l’écriture d’une adaptation,
je m’attache toujours à lutter contre les anglicismes, les clichés de traductions,
les phrases de doublage toutes faites,
les "Tu sais quoi ?", les "Oh, mon Dieu !", les "Je ne peux pas le croire", etc...
J’essaie de rester le plus proche possible de la langue originale
et de soigner le synchronisme au maximum, sans en être l’esclave.
Je suis convaincu aujourd’hui qu’il vaut mieux sacrifier le synchronisme au sens,
lorsque c’est nécessaire.
Lorsque j’ai commencé, je n’en étais pas persuadé.
Ces dernières années, nous avons abandonné nos crayons et nos gommes,
nos bobines où s’enroulait la bande de celluloïd perforé
sur laquelle nous écrivions nos adaptations, au profit des logiciels.
Nos outils de travail sont devenus, comme pour beaucoup, la souris et le clavier.
Nous n’avons plus à aller chercher du matériel physique dans les studios de doublage,
tout se fait désormais virtuellement, nous téléchargeons nos fichiers
et nous les renvoyons via Internet.
C’est dans l’ensemble plus confortable, on perd moins de temps ...
lorsque tout se passe bien.
Les logiciels, encore très récents, sont parfois capricieux...
Une page s’est tournée, mais le travail reste le même, passionnant,
et le plaisir devient total lorsque le film qu’on adapte
est un film qu’on serait allé voir en salle,
avec des acteurs qu’on aime
ou tourné par un réalisateur qu’on admire.
C’est pour cela que malgré les délais de plus en plus rapides
pour fournir une adaptation, les contraintes de la technologie,
la paranoïa liée au piratage, les tarifs qui quelquefois s’effondrent,
faire ce métier - et en vivre - reste aujourd’hui un privilège et une passion.
Voir en ligne : Interview de Bruno Chevillard dans Objectif Cinéma
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